Stéphanie Keskinidès, vous avez réalisé les photos pour le site internet des « MOF-Groupement de Paris », comment se sont passées ces prises de vues ?
J’ai eu la chance de rencontrer des artisans très généreux qui m’ont donné de leur temps pour que je capte leurs gestes, leur posture, leur univers.
Quand on entre dans un atelier quel qu’il soit, on perd un peu la notion du temps car c’est un monde à part, intemporel : la concentration de l’artisan, la précision de son geste, la singularité de ses outils, la qualité de sa matière première, le charme de son environnement sont autant d’éléments qui éveillent l’inspiration. J’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec ces artisans d’exception et je suis très heureuse d’avoir pu mettre en lumière leur savoir-faire en images pour illustrer ce site.
Il y a beaucoup de gros plans sur les mains, les gestes, pourquoi ce choix ?
Pour moi l’artisanat c’est avant tout un savoir-faire, la maitrise du corps sur la matière. Je me souviens lorsque j’ai découvert les « 24 portraits d’Alain Cavalier », une superbe série de films documentaire réalisée à la fin des années 80 sur des femmes artisans, j’ai été très touché par cette manière quasi-obsessionnelle de filmer les mains qui travaillent. Les mains de l’artisan racontent, à elles seules, le récit d’une vie de passion et d’exigence. Le geste est une véritable chorégraphie qui met en scène la main, l’outil et la matière au service d’un ouvrage remarquable… le geste raconte pleinement l’expertise de ce savoir-faire.
Quel est votre lien avec l’artisanat ?
Mes grand-parents étaient tailleurs, j’ai épousé un artisan fourreur devenu MOF et nos enfants se destinent à des métiers artisanaux… je crois que j’ai toujours été fascinée et attirée par ces métiers de la main, de la patience, du beau et de l’utile. Je suis réalisatrice bien plus que photographe et j’écris depuis quelques mois un film documentaire dont le sujet central est l’artisanat. Ces prises de vues dans les ateliers des artisans MOF de Paris fut une merveilleuse aventure humaine qui a énormément nourrit mon travail d’écriture. Je tiens à remercier Laurence Raverdeau qui m’a accompagné sur toutes les prises de vue et qui m’a offert sa confiance.